Une nouvelle espèce...
Hirondelles et Morues...
Pas d’images personnelles aujourd’hui… rien que du bla-bla !
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Je propose à votre réflexion un phénomène assez étonnant.
Comme le titre l’indique, je vais vous parler d’Hirondelles et plus précisément d’Hirondelles de fenêtre (Delichon urbicum).
Non pas de celles qui sont de retour chez nous, mais de la colonie particulière d’Hirondelles de fenêtre du phare de la petite île de Stora Karlsö, en mer Baltique.
On trouve sur cette île (qui est aussi une réserve naturelle) des grandes colonies d’oiseaux de mer dont de nombreux Guillemots de Troïl. Y nichent aussi des Gobemouches à collier. Et bien évidemment nos fameuses Hirondelles de fenêtre.
En étudiant la composition des plumes des poussins de ces différentes espèces [sur base de leur composition en isotope de l’Azote (N15) et du Carbone (C13)… je vous passe les détails], on a pu prouver que le plumage des poussins de Guillemot contenait des éléments d’origine marine. C’est bien normal allez vous me dire, puisque leur alimentation est uniquement d’origine maritime !
En comparaison les poussins de Gobemouche ne présentaient pas ces traces d’origine marine : ce qui est normal puisque les parents Gobemouches nourrissent leurs nichées avec des chenilles trouvées sur les feuilles des arbres.
Par contre ce même élément marin a été trouvé dans le plumage des poussins d’Hirondelles, ce qui est évidemment surprenant, les Hirondelles de fenêtre étant insectivores et ne nourrissant pas leurs petits avec des éléments pêchés en mer !
D’où provient cette particularité ?
Les ornithologues en observant de plus près les habitudes alimentaires de ces Hirondelles, ont constaté qu’elles chassent volontiers les insectes autour des colonies de Guillemots, là ou elles attrapent au vol des petits insectes: les Chironomes. Or ces Chironomes se développent à l’état de larves (appelées «vers de vase» par les pêcheurs) dans les restes des repas et dans les fientes des Guillemots. Or, une fois sortis à l’état d’imago, ces Chironomes en vol ne se nourrissent plus. Leurs seuls objectifs étant alors de se féconder et de pondre dans les mêmes débris. Ces Chironomes sont donc gavés, via les Guillemots, presque uniquement de protéines d’origine marine.
Comme ces Chironomes sont le principal aliment apporté par les parents Hirondelles aux oisillons, cela explique la part prépondérante de l’alimentation « marine » de ces jeunes Hirondelles et donc la détection dans le plumage de ces oisillons de ces traces qui paraissaient à priori étonnantes.
Oui mais… et les morues là dedans ? Les Guillemots ne pêchent quand même pas des morues !
Bien évidemment non : les Guillemots à la saison de reproduction pêchent essentiellement du Sprat (Spratus spratus, communément appelé Anchois de Norvège).
Plus le Sprat est abondant, mieux se portent les colonies de Guillemots, donc plus il y a de déchets, donc plus il y a de Chironomes… et mieux se porte la colonie d’Hirondelles.
Mais pour enclencher cet enchaînement vertueux, il faut qu’il y ait une grande abondance de Sprat. Or la morue est le principal prédateur du Sprat….
Donc la surpêche de la Morue dans les eaux de la mer Baltique, entraînant l’effondrement des stocks de Morue, laisse une plus grande place au Sprat…. donc Guillemots … donc Chironomes…. donc Hirondelles !
La prochaine fois que vous aurez de la morue dans votre assiette, culpabilisez vous en regrettant de participer à la disparition de l’espèce…. Et consolez vous en pensant que vous favorisez les Hirondelles de fenêtre du phare de l’île de Stora Karlsö.
Et ne vous défilez pas en prétendant que vous mangez du Cabillaud ou du Skrei, c’est la même chose, c’est aussi de la morue !
Je n’ai bien entendu pas sucé cela de mon pouce ! Ce résumé est tiré d’un chapitre du livre « Oiseaux et changement global » de Jacques Blondeel, publié par les éditions Quae en 2015 (ISBN 978-2-7592-2361-9)… Une lecture très intéressante !
Attributions des images :
Phare : Helen Simonsson CC BY-SA 3.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=35528688
Chironomes: Didier Descouens CC BY-SA 4.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=31405736
Sprat: Hans Hillewaert, CC BY-SA 4.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=1531023
Hirondelle de fenêtre: photo René Dumoulin (https://www.faune-champagne-ardenne.org/index.php?m_id=20134)
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... même à la découverte de textes écrits par des auteurs faisant partie du patrimoine littéraire belge...
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Octave Pirmez (1832 - 1883)
"Le printemps est de retour. La nature, tourmentée par un long hiver, se faisait vieille et chagrine ; la voici qui redevient enfant, folâtre enfant qui secoue au vent tiède sa chevelure parfumée ; erre partout en son généreux abandon, faisant croître les plantes et les fleurs sous ses pas. Les oiseaux volent devant elle en gazouillant leur chant de joyeuse arrivée ; ils viennent reconnaître les moindres branches des arbustes où aux étés derniers ils chantaient la joie de vivre. Que sont devenus pendant l’hiver les oiseaux fidèles ? Se seraient-ils éloignés si les souches d’une forêt hospitalière leur avaient offert un doux abri ? Mais, quand tout est couvert de neige, quand la gelée durcit la terre, comment vivre ? Comment se poser sur l’arbre roidi par le givre ? Comment éviter l’œil clair de l’oiseau de proie qui plane sur la forêt dépouillée ?
La saison des périls est passée ; le soleil qui fertilise a reparu ; l’arbuste bourgeonne ; la verdure çà et là obscurcit les branches, et de joyeuses volées emplissent les bois. Fauvettes à tête noire, verdiers, bruants, rossignols, vont et viennent vivement d’un arbre à l’autre, et des arbres au sentier, porteurs de fétus, de duvet, de racines. La fauvette à tête noire, la confiante couveuse, amie des jasmins, y attache franchement son nid, qu’à peine elle achève. Les verdiers, ces moineaux des arbres verts, s’accouplent à la cime des genévriers, restent immobiles aux heures brûlantes du jour. Leurs deux notes, jetées sans trêve, sont comme un écho de la sève printanière. Le bruant, chantre des hauts peupliers et de la lisière des forêts, va pondre aux fourrés de ronces, pour déchirer les mains imprudentes qui tenteraient de lui dérober sa couvée . Son cri grinçant s’allie au bruit des ruisseaux sur les cailloux, dans les vallons déserts. Le passereau inspiré, le rossignol, étale son large nid de feuillage dans l’ortie, près de la souche, sans frayeur des bêtes de maraude. Il y dépose, à la garde de dieu, des œufs sombres d’où doivent éclore des chants limpides qui feront retentir les halliers. L’enthousiasme de son amour le prive de la prudence. Peut-être, dans la paix des nuits étoilées, ses chansons éclatantes conjureront les dangers."
Je n'aurais pas dit mieux !
Même s'il faut bien avouer que le style nous en paraît un peu suranné....
Uitkerke (3)
Scènes de la vie des oiseaux à Uitkerke !
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Chez les Barges à queue noire, ça drague sec !
Toute cette agitation chez les barges semble surprendre ce Pipit farlouse !
Plus loin les Combattants variés se baladent...